Limitation à 80 km/h, pourquoi cette baisse ?
Depuis 2018 la limitation à 80km/h s’applique sur de nombreuses routes départementales et nationales. Cependant, la limitation de la vitesse n’a pas toujours été obligatoire. Avant d’évoquer les raisons de la limitation à 80km/h, nous revenons sur l’histoire de la réglementation de vitesse en France. Depuis quand existe-t-elle ? Comment elle évolue ? Et pourquoi une vitesse de 80 km/h en France ?
Une réglementation qui s’adapte à son époque
Une évolution de la vitesse maximale
Au début du 20e siècle, la voiture commence à peine à se démocratiser. La plupart des foyers n’en possèdent pas, la voiture est un objet de luxe. Puis, peu à peu, elle devient un moyen de locomotion accessible à de plus en plus de monde.
Le premier Code de la route est édité en 1921. À cette époque, il n’est pas question de réglementation de vitesse. En effet, la vitesse des voitures et la circulation sont faibles. Il faut attendre 1962 pour que la vitesse se limite à 60 km/h en ville. En dehors des agglomérations, aucune limitation ne s’applique.
Finalement, en juillet 1973, la vitesse se limite à 100 km/h. Cela concerne l’ensemble du réseau hors agglomération à l’exception des autoroutes. À la fin de la même année, le code de la route est de nouveau mis à jour avec une vitesse limitée à 120 km/h sur l’autoroute. On peut rouler à 90 km/h sur les autres routes, et toujours 60 km/h en ville.
L’année suivante, la vitesse maximale sur autoroute passe à 140 km/h avant de passer à 130 km/h. C’est toujours le cas aujourd’hui. De même, les voies express se limitent à 115 km/h avant de passer à 110 km/h. Les autres voies restent à 90 km/h. A partir de 2018, les routes la limitation est 80 km/h.
Concernant la circulation en ville, il faut attendre 1990 pour qu’elle se réduise à 50 km/h maximum. Sans compter les différentes zones à vitesse réduite et notamment les zones à 30 km/h.
L’évolution de l’automobile
Si le Code de la route a été de nombreuses fois modifié depuis sa première version en 1921, cela s’explique par l’évolution des véhicules. Au fil des décennies, ils sont de plus en plus puissants. Leur utilisation augmente tandis que le trafic routier croît.
Forcément, plus il y a de véhicules rapides qui circulent et plus il fait limiter la vitesse de circulation dans les villes. D’autant plus que pendant longtemps la sécurité des véhicules est relativement sommaire. Le développement de l’automobile génère également le développement des axes routiers. Et il faut identifier la vitesse maximale autorisée selon le type de voie.
Les raisons de la limitation à 80 km/h
La sécurité routière
Que l’on soit pour ou contre cette mesure, il existe des raisons à cette limitation à 80 km/h. Il ne s’agit pas d’une simple décision prise sur un coup de tête.
Rappelons que la vitesse est la cause principale des accidents mortels en France. Elle est responsable de près de 31 % de ces accidents. Plus de 50 % de ces accidents mortels surviennent sur des routes à double sens non équipées de séparateur central. Ce sont ces voies qui sont la cible de la limitation de la vitesse à 80 km/h.
La raison première est donc sécuritaire. En réduisant la vitesse maximale de 10 km/h, l’objectif est de réduire le nombre d’accidents mortels. Selon une estimation réalisée par des experts du Conseil national de la sécurité routière, cette réduction de la vitesse empêcherait entre 300 et 400 décès par an.
Plus on roule lentement et plus la violence du choc se réduit. La distance de freinage diminue aussi. Le champ de vision est amélioré.
La limitation à 80 km/h, un geste écologique
Parallèlement à l’amélioration de la sécurité routière, la limitation de la vitesse à 80 km/h a aussi une influence d’un point de vue écologique. Plus on roule vite et plus la résistance à l’air est forte. Dès lors, il faut plus d’énergie pour avancer à 90 km/h qu’à 80 km/h. Ce qui implique de consommer plus de carburant et donc d’émettre plus de gaz à effet de serre.
Certes, en roulant moins vite, on augmente la durée du trajet et donc la consommation de carburant. Toutefois, cette augmentation est moindre par rapport à l’économie générée par la diminution des frottements de l’air.
Et multipliée par le nombre de véhicules, cette diminution d’émission de gaz à effet de serre a un impact positif pour l’environnement.
Cette tendance à diminuer l’émission de CO2 lorsqu’on réduit la vitesse dépend d’autres paramètres. Par exemple, le comportement du conducteur et la constance de la vitesse. Plus vous roulez à une vitesse constante et plus la différence sera favorable. En revanche, si vous accélérez et ralentissez fréquemment, la diminution de la vitesse peut finalement générer davantage de pollution. À ce sujet, on considère la circulation en ville comme l’une des plus mauvaises en matière d’émission de gaz à effet de serre.
La limitation à 80 km concerne-t-il les pays voisins ?
La France n’est pas le seul pays à appliquer une limitation de vitesse à 80km/h sur les voies à double sens. C’est également le cas du Danemark, de Chypre, de la Finlande, de l’Irlande (sur certaines voies), de la Lettonie (certaines voies), de Malte et des Pays-Bas. La Suède, la Belgique (région flamande) et la Lituanie (certaines voies) appliquent même une limitation à 70 km/h.
En Allemagne et en Autriche, la limitation s’élève à 100 km/h, idem pour certaines voies en Irlande, en Lettonie et en Roumanie. Pour le reste des pays européens, la limitation est de 90 km/h.
Concernant les autoroutes et les voies rapides, la plupart des pays imposent une vitesse maximale comprise de 110 km/h, 120 km/h ou 130 km/h. Et même si en Allemagne la plupart de ces voies ne sont pas limitées, dans les faits, il est recommandé de ne pas dépasser 130 km/h et la plupart des Allemands respectent cette recommandation.