Le rétrofit : donner une nouvelle vie électrique à son véhicule thermique
Face à la transition écologique et aux nouvelles réglementations sur la mobilité, de nombreux automobilistes cherchent une alternative entre conserver leur voiture thermique et investir dans un véhicule électrique neuf. Une solution séduit de plus en plus : le rétrofit électrique. Cette pratique permet de transformer un véhicule essence ou diesel en voiture électrique grâce à un kit homologué. Un compromis intéressant pour allier écologie, économie et attachement à son véhicule.
Qu’est-ce que le rétrofit ?
Le rétrofit consiste à remplacer le moteur thermique et ses composants (réservoir, échappement, système d’injection…) par un moteur électrique alimenté par une batterie. Le reste du véhicule est conservé, ce qui permet de garder sa carrosserie, son châssis, son intérieur et même son identité visuelle.
L’idée est simple : donner une seconde vie à un véhicule qui aurait pu être interdit de circulation dans certaines zones, tout en l’adaptant aux enjeux environnementaux actuels.
Si le rétrofit a longtemps été une pratique de passionnés, il est désormais reconnu et encadré légalement en France.
Un cadre légal récent mais structurant
En mars 2020, un arrêté a officialisé le rétrofit en France, faisant de l’Hexagone l’un des premiers pays européens à encadrer cette pratique. Ce cadre légal fixe des conditions précises :
- Le véhicule doit avoir au moins cinq ans (trois ans pour les poids lourds et utilitaires).
- La transformation doit être réalisée par un professionnel agréé et validée par l’UTAC (Union technique de l’automobile).
- Le kit de conversion doit répondre à des normes strictes de sécurité et d’homologation.
À l’issue de la conversion, la carte grise du véhicule est modifiée pour indiquer énergie : électrique, et le véhicule obtient une nouvelle classification Crit’Air 0, lui donnant accès à toutes les zones à faibles émissions (ZFE).
Les avantages du rétrofit
Le succès croissant du rétrofit s’explique par ses nombreux atouts :
- écologique : on évite la mise au rebut d’un véhicule en parfait état, tout en supprimant ses émissions polluantes.
- économique : l’électricité coûte environ 3 à 4 fois moins cher que le carburant fossile par kilomètre parcouru.
- prime et aides financières : une aide de l’État allant jusqu’à 5 000 € est disponible, parfois complétée par des subventions régionales.
- pratique : un véhicule rétrofité peut circuler librement dans les grandes villes, même celles qui appliquent des restrictions de circulation.
- patrimoine automobile : idéal pour conserver un véhicule de collection ou un modèle auquel on est attaché, sans renoncer à la modernité.
Les limites et contraintes
Comme toute solution innovante, le rétrofit a aussi ses limites :
- le coût : entre 8 000 et 20 000 € selon le modèle, un budget qui reste conséquent malgré les aides.
- l’autonomie : en général, entre 100 et 250 km, moins qu’un véhicule électrique neuf haut de gamme.
- le choix limité : seuls certains modèles peuvent être rétrofités, en fonction des kits disponibles et de l’homologation.
- le réseau de spécialistes : encore restreint, même si de plus en plus d’entreprises se lancent sur ce marché.
Le rétrofit aujourd’hui : qui est concerné ?
Le rétrofit attire des profils variés :
- les particuliers, qui souhaitent conserver leur véhicule mais l’adapter aux nouvelles normes écologiques.
- les entreprises, notamment celles qui possèdent des flottes d’utilitaires et doivent s’adapter aux restrictions de circulation dans les centres-villes.
- les passionnés de voitures anciennes, qui peuvent garder leur modèle tout en le rendant compatible avec la circulation moderne.
On voit apparaître en France des acteurs spécialisés comme Transition-One ou Retrofuture, qui proposent des kits homologués pour des modèles populaires comme la Renault Twingo, la Fiat 500 ou encore certaines camionnettes.
Quel avenir pour le rétrofit en France ?
Le marché est encore jeune, mais son potentiel est énorme. À l’heure où l’Union européenne prévoit la fin de la vente des véhicules thermiques neufs en 2035, le rétrofit se présente comme une solution intermédiaire crédible.
Avec la baisse progressive des coûts des batteries, une multiplication des installateurs agréés et l’augmentation de la demande, les prix du rétrofit devraient diminuer dans les prochaines années. On peut imaginer qu’il devienne une pratique courante, non seulement pour les voitures particulières mais aussi pour les bus, camions ou véhicules utilitaires.
Le rétrofit pourrait ainsi contribuer de manière significative à la réduction des émissions de CO2 tout en évitant la destruction prématurée de millions de véhicules encore en bon état.
Rétrofit et assurance : ce qu’il faut savoir
Comme tout véhicule en circulation, une voiture rétrofitée doit être assurée. Sa nouvelle motorisation et sa carte grise mise à jour impliquent parfois une adaptation du contrat d’assurance, notamment pour tenir compte de la valeur du véhicule, de son usage et de ses nouvelles caractéristiques techniques.