Bioéthanol : une solution pour quitter l’essence ?

Face à la flambée des prix de l’essence et du diesel, face à leurs effets néfastes sur l’environnement, le moteur électrique semble représenter l’avenir de la voiture. Toutefois, il ne faudrait pas oublier les autres alternatives. À ce titre, qu’en est-il du bioéthanol ? La voiture éthanol est-elle une solution d’avenir ou simplement une transition vers les véhicules 100 % électriques ? Quels véhicules peuvent rouler à l’éthanol ?

Quels sont les avantages et les inconvénients ?

Les avantages du bioéthanol

Il s’agit d’un biocarburant, c’est-à-dire qu’il est fabriqué à partir de matières organiques non fossiles. Dès lors, le bioéthanol est produit via des terres arables. C’est une différence de taille par rapport à l’essence qui provient du pétrole dont nous savons que les réserves ne sont pas inépuisables.

L’éthanol a aussi comme avantage d’être un carburant nettement plus propre que l’essence pour les véhicules. Plus précisément, son taux d’émission de CO2 et de particules fines est nettement moins élevé. Ainsi, un carburant comme le superéthanol-E 85 réduit d’environ 70 % les émissions de gaz à effet de serre par rapport à l’essence.

De plus, le bioéthanol génère un bilan carbone neutre. En effet, bien que sa combustion génère du CO2, il est compensé par le CO2 absorbé par les matières organiques nécessaires à sa production.

En plus d’être plus écologique et plus durable, le bioéthanol est aussi plus économique pour le consommateur. Malgré l’inflation générale, le prix du litre de l’E 85 reste inférieur à 0,95 €, soit moins de la moitié du prix de l’essence. Cet écart de prix s’explique principalement par la différence de fiscalité entre l’éthanol et les carburants issus du pétrole. En effet, cette fiscalité se révèle quasi 10 fois moins élevée pour le bioéthanol par rapport à l’essence.

Les inconvénients du bioéthanol

L’un des principaux inconvénients à l’utilisation d’une voiture éthanol reste l’accès à ce biocarburant. La France compte environ 11 000 stations et seules 2 725 d’entre elles proposent du bioéthanol. Dès lors, le consommateur est parfois obligé de parcourir plusieurs kilomètres supplémentaires pour effectuer son plein.

Pour pouvoir rouler avec de l’éthanol, il est préférable d’installer préalablement un boîtier. En moyenne, l’achat et l’installation d’un kit éthanol coûte entre 700 € et 1 300 €. Il faut donc plusieurs années pour rentabiliser cet achat d’un point de vue financier. De plus, toutes les voitures ne sont pas compatibles avec l’installation d’un kit éthanol.

Sans oublier que l’installation d’un tel kit entraîne une suspension de la garantie constructeur sur l’ensemble des pièces en contact avec le biocarburant. Toutefois, les fabricants des boîtiers prennent le relais en appliquant une garantie sur toutes les pièces installées.

Le dernier inconvénient résulte de la comparaison avec la voiture électrique. Ainsi, le bioéthanol est plus cher que l’électricité et il génère du CO2 et des particules fines, là où la solution électrique est propre à l’usage.

Comment cela fonctionne ?

L’origine du bioéthanol

Le bioéthanol est fabriqué à partir d’éthanol lui-même issu de végétaux. Il peut s’agir de végétaux riches en saccharose comme la betterave ou la canne à sucre, ou de végétaux riches en amidon tels que le blé et le maïs. Dans le premier cas, l’éthanol est obtenu par fermentation du saccharose. Dans le second cas, l’amidon subit une hydrolyse enzymatique.

La plupart du temps, l’éthanol est mélangé à de l’essence pour être utilisé comme carburant pour les voitures. Le nom du bio carburant dépend alors du pourcentage d’éthanol dans un litre de carburant. En France, on trouve essentiellement du superéthanol E 85 qui signifie que le carburant contient 85 % d’éthanol et 15 % d’essence. On trouve également du sp 95 E10 (10% d’éthanol), tandis que le sp 95 contient généralement jusqu’à 5 % d’éthanol.

Fonctionnement du boîtier bioéthanol

Le bioéthanol est un carburant moins calorique que l’essence. Dès lors, le moteur a besoin de plus de biocarburant à chaque cycle pour fonctionner efficacement. Le kit sert justement à maintenir ouverts plus longtemps les injecteurs pour garantir la bonne quantité de biocarburant.

Le boîtier éthanol est installé entre le calculateur et les injecteurs. Il est alors relié à une sonde afin qu’il puisse adapter la fermeture des injecteurs en fonction du carburant versé. Pour résumer, le boîtier permet d’effectuer la conversion d’un moteur thermique essence, vers un moteur dit flex fuel.

Peut-on mettre du bioéthanol sans boîtier ?

Légalement, en France, aucune loi ne vous empêche d’utiliser le bioéthanol sans boîtier. Techniquement, le constat est le même, du moins sur les modèles fabriqués à partir des années 2000. Plus précisément, il faut savoir que l’éthanol est fonctionnel avec les moteurs essence à injection électronique lancés à partir de 2007.

Pour ces véhicules, le boîtier ne semble pas indispensable. En effet, rien ne montre une croissance du nombre de pannes chez les utilisateurs de bioéthanol sans boîtier et sur des véhicules post 2007.

Néanmoins, nous conseillons d’augmenter progressivement la proportion d’éthanol dans le litre d’essence et de ne pas commencer immédiatement par un plein complet en E 85. La meilleure solution étant le véhicule flex fuel dont le moteur est initialement conçu pour s’adapter au mélange essence et éthanol.

En revanche, pour les véhicules plus anciens, il faut être nettement plus prudent. C’est au cas par cas. En effet, cela peut entraîner une corrosion du moteur. Si le véhicule est compatible, l’utilisation d’un boîtier est plus que recommandée.

Dans tous les cas, qu’il s’agisse d’une voiture neuve ou d’un modèle d’occasion, prenez le temps de vous renseigner au sujet de sa compatibilité avec de l’éthanol. Ford, Peugeot, BMW et autres, tous les constructeurs se doivent d’indiquer si tel ou tel modèle peut fonctionner avec du superéthanol, un mélange éthanol/essence, ou uniquement de l’essence.

De plus, comme nous l’avons vu précédemment, le boîtier permet d’adapter l’ouverture et la fermeture des injecteurs du véhicule. Dès lors, rouler en bioéthanol sans boîtier augmente la consommation de carburant, sauf dans le cas d’une voiture flex fuel. Cette surconsommation est généralement compensée par le faible coût de l’éthanol à la pompe.

La solution d’avenir ?

Il semble difficile d’imaginer le bioéthanol comme l’alternative principale à l’essence sur le moyen et long terme. Les voitures électriques ne cessent de se développer et d’être de plus en plus performantes en matière d’autonomie et de performances. De plus en plus de constructeurs produisent leurs véhicules électriques. Les marques historiques comme Renault, Volkswagen, Toyota se positionnent sur le marché.

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Dès lors, l’avenir leur semble être promis. Seule la voiture à hydrogène pourrait éventuellement présenter une concurrente sérieuse au moteur électrique, mais elle a encore beaucoup de retard.