Comment expliquer l’amour que les Français vouent à leur voiture ? Pourquoi demeure-t-elle encore le mode de transport numéro 1 en France, malgré le contexte écologique et économique ? Vivre sans voiture, est-ce une utopie aujourd’hui en France ? L’olivier décrypte l’actualité pour vous.

Voiture et réchauffement climatique : un constat accablant 

Ces dernières années, les appels à réduire l’utilisation de la voiture se sont multipliés. Les principaux porteurs du message ? Les associations environnementales. En effet, le transport routier est la première source d’émissions de CO2 en France. Et selon le ministère de la Transition écologique, la voiture est responsable d’environ 16 % des émissions de gaz à effet de serre en France.

Cependant, les Français semblent peu enclins à se passer de leur voiture.  Comme en témoigne un sondage de l’Association 40 millions d’automobilistes publié au printemps 2022 : 84 % des personnes interrogées disent ne pas être prêtes à se passer de leur voiture définitivement. Depuis l’inflation est passée par là, et avec elle une forte hausse du prix des carburants. Dans une enquête réalisée cet automne par le comparateur LeLynx.fr, les mentalités semblent évoluer. En effet, près d’un quart des Français pensent être capables de se passer totalement de leur véhicule dans l’avenir.

Ces données contradictoires révèlent le tiraillement des Français. Ils n’ont jamais été autant partagés entre leur besoin quotidien de la voiture et leur volonté de réduire leur impact écologique. Jamais autant tiraillés entre leur amour pour la voiture et la nécessité de maîtriser son impact financier sur leur budget.

Les Français et la voiture, entre amour et contrariétés

Les résultats de l’étude réalisée par le cabinet de consulting No Com en 2021 pour la journée de la filière auto 2021 sont édifiants. En effet, ils expriment tout ce que la voiture représente pour les Français. La voiture est à la fois un objet de liberté et de plaisir, un habitacle protecteur, une nécessité au quotidien, une solution de mobilité incontournable et un objet nuisible pour l’environnement.

Ainsi :

  • 91 % des sondés pensent que la voiture est un vecteur de liberté 
  • 79 % aimeraient pouvoir prendre plus les transports en commun
  • 68 % déclarent qu’il serait difficile pour eux de se passer de voiture au quotidien
  • 90 % souhaitent réduire l’impact écologique de leurs déplacements routiers
  • 69 % seraient prêts à moins utiliser la voiture pour se déplacer pour préserver l’environnement 
  • 51 % font encore rimer voiture avec rêve
  • 71 % avec plaisir et 50 % avec passion.

Les Français semblent aujourd’hui dans un entre-deux où l’urgence écologique et économique se heurte encore au principe de réalité et aux mentalités bien ancrées.

La voiture, le mode de transport préféré des Français

S’il est un point qui rassemble les Français, c’est l’utilité de la voiture. Les résultats des sondages se suivent et se ressemblent. 85 % des Français jugent la voiture indispensable. Et trois quarts des personnes interrogées la prennent au quotidien pour leurs trajets entre leur domicile et leur entreprise. Dans le sondage publié par l’Association 40 millions d’automobilistes, 77% des Français disent utiliser leur voiture au moins une fois par semaine.

Cela est d’autant plus vrai dans les zones rurales, où les Français sont plus de 95 % à déclarer ne pas pouvoir se passer de voiture. Dans l’enquête réalisée par No Com, 83 % des ruraux estiment que sans voiture, ils seraient isolés.  De plus, 84 % d’entre eux affirment qu’ils ne pourraient pas se rendre à toutes leurs activités. Dans ces zones où les transports en commun sont réduits, voire absents, la voiture est un mode de transport vital. Comment gérer la logistique quotidienne sans sa voiture, faire ses courses, emmener ses enfants à l’école, accéder aux services publics et de soins ou encore transporter des marchandises ?

Ce caractère indispensable de la voiture se révèle dans l’évolution du parc automobile français, passé de 34,9 millions en 2011 à 38,7 millions en 2022. De son côté, le taux d’équipement routier des ménages ne cesse de progresser. De 79,5 % en 2009, il est passé à 83,4 % en 2019. Plus d’un tiers des ménages possèdent même deux voitures.

Sur la différence villes / campagnes, les chiffres parlent d’eux-mêmes. De plus, les statistiques de l’INSEE 2019 sur l’équipement automobile des ménages sont flagrantes : 33,5 % des foyers sont équipés d’une voiture à Paris, 65 % en moyenne dans la petite couronne parisienne, 76 % dans le Rhône et sa ville-centre Lyon, 78,5 % dans les Bouches-du-Rhône et sa ville-centre Marseille mais…90 % en Ardèche, 90,7 % dans le Gers ou 91,8 % en Vendée !

Vivre sans voiture, une utopie ?

Selon les sondages, une partie des Français cheminent vers l’idée de pouvoir se passer de voiture un jour. Mais de là à passer à l’action, il y a un pas qui reste difficile à franchir. Les principaux obstacles sont aujourd’hui pratiques : comment vivre sans voiture quand les modes de transport alternatif et les pistes cyclables manquent ?

En zone urbaine, une mobilité plus collective et douce se développent, avec le développement de nouveaux modes de transport : transports en commun, trottinettes électriques, vélo électrique,… Sur de longs trajets, le train peut remplacer la voiture personnelle. Mais dans les zones rurales, les infrastructures manquent et les distances découragent.

Pourtant, l’espoir d’un monde, non sans voiture mais où sa place serait réduite, semble poindre timidement. On commence à voir se développer de nouvelles initiatives, boostées par la crise sanitaire : le covoiturage prend son envol. Avec l’inflation, 33 % des Français annonçaient cet été avoir déjà pratiqué le covoiturage ou être prêt à le faire. 84 % des personnes interrogées réduisent les trajets non nécessaires ou regroupent leurs déplacements routiers. Autre piste pertinente pour restreindre la mobilité : le télétravail. Après des premiers pas hésitants il se développe de plus en plus dans l’entreprise, à la faveur de la crise sanitaire.

Et si vraiment il est impossible de vivre sans voiture, de nouvelles alternatives plus vertes progressent. Un tiers des automobilistes déclarent avoir acheté ou envisager d’acheter une voiture plus respectueuse de l’environnement (électrique, hybride, roulant au bioéthanol,…) Une perspective imparfaite mais qui peut continuer à faire rimer voiture avec plaisir.